Pourquoi le marché du travail belge est-il si difficile pour les entreprises ?

15-02-2024
Waarom de Belgische arbeidsmarkt het bedrijven zo uitdagend maakt

Si nous voulons parler du marché du travail, nous préférons le faire avec des chiffres et des analyses étayés. Il y a quelques semaines, nous avons invité Stijn Baert à mettre en lumière les points les plus importants pour nous et à participer au débat dans 'une table ronde.


En 2013, nous estimions qu’il y avait pénurie sur notre marché du travail. Nous n'avions alors aucune idée de ce qui nous attendait 10 ans plus tard. En 2023, le niveau de pénurie a doublé par rapport à 2013. Actuellement, 1 emploi sur 20 ne peut être pourvu. Il y a dix ans, la proportion était de 1 emploi sur 40. La Belgique est le deuxième plus mauvais élève d'Europe. Seule la République tchèque fait moins bien que nous. Si l'on se concentre sur la seule Flandre, celle-ci remporte la palme au sein de l'UE*.

Pourquoi ? Il existe deux raisons structurelles majeures pour expliquer ce phénomène. D’une part, il y a plus de personnes qui partent à la retraite que de jeunes qui entrent sur notre marché du travail. En outre, notre économie évolue plus rapidement que la capacité de notre démographie à suivre. Il y a donc plus d’emplois que de personnes disponibles. Et ce, même si nous constatons des différences au sein des secteurs. 

On constate une inadéquation entre offres d’emploi et personnes disponibles. 

Le défi est d'autant plus grand que les compétences des personnes présentes sur le marché du travail ou diplômées ne correspondent pas suffisamment aux besoins des secteurs en plein essor. Il suffit de penser au nombre restreint d’élèves qui obtiennent un diplôme dans un domaine technique, ou qui choisissent d’orienter leurs études vers la construction, par exemple, alors que les besoins dans ces secteurs se révèlent énormes. 

Il est frappant de constater qu’un nombre important d’offres d’emploi est vacant depuis plus d’un an. Il s’agit d’offres d’emploi pour lesquelles peu ou pas de compétences sont nécessaires. Ce sont des emplois que les gens préfèrent échanger contre des postes offrant de meilleures conditions de travail. Des emplois qui nécessitent un travail physique lourd, un travail effectué en équipes ou requièrent un niveau élevé de flexibilité. 

Quel potentiel reste-t-il à exploiter ?  

Parmi les personnes âgées de 25 à 64 ans qui ne travaillent pas en Belgique, seuls 15 % environ sont encore à la recherche d'un emploi. Quelque 85 % des personnes âgées de 25 à 64 ans sont considérés comme inactifs. Ce pourcentage comprend les personnes malades, les personnes qui ont quitté le marché du travail ou les retraités. Seuls trois pays de l’UE enregistrent de moins bons résultats que la Belgique dans ce domaine. À cet égard également, nous constatons des différences significatives entre la Flandre, d’une part, et Bruxelles et la Wallonie, d’autre part*. 

Être inactif ne signifie pas en soi être incapable de travailler à 100 % 

Il est clair que le plus grand potentiel réside dans le groupe de personnes considérées comme inactives. En tant qu’employeurs, oserons-nous nous concentrer sur les opportunités qui se présentent ? Les décideurs politiques oseront-ils se pencher sur les possibilités qui se cachent ici et nous, oserons-nous remettre en question les systèmes ? En effet, le fait que l'inactivité ne soit pas nécessairement synonyme d'incapacité de travail à 100 % ouvre des portes. 

Et maintenant, chers employeurs, que faire ? 

Il est clair qu’il est nécessaire de mettre en œuvre des solutions structurelles. Et pour ce faire, nous avons besoin de décideurs politiques qui ont une vision et qui font preuve de courage. Toutefois, le fait de rester les bras croisés en attendant que ça bouge est en contradiction avec l'esprit d'entreprise et la vitesse à laquelle les entreprises belges évoluent. Il faut faire preuve de créativité, d'ouverture d'esprit et de courage pour combiner différentes approches. Vous recrutez dans le cadre d’un marché du travail en pénurie ? Dans ce cas, n’hésitez pas à prendre connaissance des informations suivantes. 

  1. La diversité ne se limite pas à l'ethnicité

    Saviez-vous que les personnes qui ont été malades de longue durée subissent plus de discrimination sur le marché du travail que les personnes d'origine ethnique différente ? L'ethnicité n'occupe que la quatrième place des facteurs de discrimination. Le handicap se classe en première position, la faible attractivité physique en deuxième position, et l’âge plus avancé en troisième position. 

  2. Regarder au-delà du marché du travail belge 

    Bien que nous préférions que nos entreprises bénéficient pleinement du potentiel belge, nous devons également nous montrer réalistes. Pour de nombreux secteurs, le besoin est si élevé que nous devons également regarder au-delà des possibilités offertes en Belgique. Il devient de plus en plus nécessaire de rechercher des talents au-delà de nos frontières nationales et même au-delà des frontières européennes. 

  3. Augmenter la rétention et l'attractivité 

    Imaginez : des collaborateurs plus nombreux qui restent plus longtemps à bord et des candidats qui s'adressent spontanément à vous parce que vous jouissez d’une réputation irrésistible. S’il y a quelque chose à laquelle vous pouvez vous atteler, c'est votre image d'employeur. Votre « employer brand ». Ça devrait constituer votre mantra. 

  4. Misez intelligemment sur la formation continue et la reconversion 

    L’expérience et les compétences semblent souvent constituer le Saint Graal, mais c’est là que le bât blesse à de trop nombreuses reprises pour notre marché du travail. Le candidat ne possède pas d’expérience, mais fait preuve de motivation ? Dans ce cas, le potentiel réside dans la formation continue et la reconversion. Développez le potentiel dans les domaines où il est possible de le faire. Car, plus que jamais, la formation, c’est le nouveau recrutement. 

Le marché du travail en chiffres* 

  • Le niveau de pénurie sur le marché du travail en Belgique a doublé entre 2013 et 2023, passant de 2 à 4,6 % 
  • La moyenne européenne se situe à 2,7 % 
  • Pour la Flandre, ce chiffre monte à 5,2 %. En Wallonie et dans la région de Bruxelles-Capitale, il se situe à 3,6 % pour les deux régions 
  • La Belgique affiche un taux d’emploi de 75,4 % 
  • 24,6 % de la population belge âgée de 25 à 64 ans ne travaille pas. 
  • Sur ces 24,6 %, 3,7 % sont chercheurs d'emploi et 20,9 % sont inactifs. 
  • Pour la Flandre, l’inactivité s’élève à 19,2 %, pour la Région de Bruxelles-Capitale à 24,5 % et pour la Wallonie à 25,6 % 

*Source : keynote Stijn Baert @ Accent